top of page

DEZFOUL PROMENADE​

Série photographique

(2016)

« Les douze photographies s’interrogent sur l’Iran, sur la condition des hommes et, en négatif, sur celle des femmes. Ma porte d’entrée pour le découvrir et pouvoir le commenter était celle de la distance. Il m’avait fallu un long détour pour y parvenir, mais ce que je voyais était simple. Comme souvent quand quelque chose est trop évident, je l’avais manqué. Je voyais ce que je vois tous les jours à Tel-Aviv ou à Paris : la rue est le domaine des hommes. Ils déambulent fièrement dans un espace qui leur appartient. En tant que femme, j’ai du mal à appréhender ce sentiment. Ce n’est finalement pas le fait que je sois une Israélienne devant des photographies prises en Iran qui me freinait, c’est que les photographies de Sabyl me postait en tant que spectatrice à une place qui n’est pas la mienne parce que je suis une femme.

L’accord est tacite entre le photographe et le groupe d’hommes ; Sabyl a été accepté dans leur cercle. Mais en les photographiant de dos, il instaure une distance qui est celle de l’artiste qui s’interroge sur cette conquête de territoire. Ce n’est pas une autre face de l’Iran qu’il nous est donné ici à voir, mais bien le quotidien de n’importe quelle femme dans n’importe quel pays qui a élevé la domination masculine au rang de beaux arts. Alors oui, de l’Iran, ces dernières années, on a vu les photographies avant-après de femmes en mini jupes et en tchadors. C’est choquant, le message fonctionne, mais cela ne suffit pas. Avec cette série, Sabyl nous permet de nous mettre à la place de ces hommes. Pourtant, ce ne sont pas les responsables directs de l’oppression de la femme. Quand j’ai demandé à Sabyl qui ils étaient, il m’a répondu que ce sont des hommes normaux, classe moyenne, qui fument et boivent en cachette, pas spécialement religieux ni proches du pouvoir. Mais ces hommes, et c’est là tout le problème, se sont accommodés de la situation. Après tout, pourquoi pas ? On leur a donné les pleins pouvoirs sur leurs épouses et leurs sœurs, on leur a offert l’espace public sur un plateau, qui sont-ils pour contester cette nouvelle donne ? »

Extrait du texte de Laura Schwartz

bottom of page